Après l’inauguration par le président François Hollande samedi 10 décembre, Lascaux-4, réplique grandeur nature du joyau préhistorique périgourdin, ouvre au public jeudi, avec l’objectif d’attirer 400.000 visiteurs par an.
Jeudi matin, les premiers à pénétrer dans la copie de l’antre seront les gagnants d’un jeu-concours lancé par l’exploitant du site, Sémitour. Puis s’égrèneront pendant la journée les visiteurs payants qui ont réservé leur billet ces dernières semaines.
Chaque visite réunira un maximum de 32 personnes, accompagnées d’un guide, qui commenceront par se rendre sur le toit du sobre bâtiment de verre et de béton du Centre international de l’art pariétal pour une “mise en condition”, avec vue sur le relief où se niche la grotte originale.
Puis viendra la visite “immersive” proprement dite, où la scénographie a pour but d’entraîner le visiteur au plus près des émotions ressenties par les quatre adolescents du village de Montignac (Dordogne) qui, pensant dénicher le souterrain d’un château, mirent au jour la grotte à l’été 1940, en pleine Seconde Guerre mondiale.
Au total, 2.000 éléments peints et gravés ont été identifiés sur le site historique, reproduits à l’échelle réelle dans la nouvelle réplique par les artisans de l’Atelier des fac-similés du Périgord (AFSP). Soit un bestiaire de plus de 600 animaux, en majorité des chevaux, mais aussi des aurochs, cerfs, bouquetins… qui ont fait la renommée mondiale de la grotte peinte il y a environ 18.000 ans.
Ceux de la “salle des taureaux” sont notamment les plus imposants connus dans l’art pariétal à ce jour.
Conçu comme un centre d’interprétation, le Centre international associe la “contemplation” des fac-similés (une trentaine de minutes) et celui de la “compréhension” (sans limite de temps) avec plus de 700 m2 consacrés à la mise en perspective historique, scientifique et artistique des fresques. Une tablette interactive accompagne les visiteurs.
– 20% d’étrangers –
Nouvelles technologies, mais aussi fidélité à la politique lancée dans la foulée de la fermeture de la cavité originale, en 1963, par souci de préservation, alors que 1.800 personnes s’y pressaient quotidiennement.
Très vite surgit alors l’idée d’une copie qui permettrait à la fois de protéger la grotte historique tout en garantissant un accès pédagogique au plus grand nombre tout en pérennisant l’économie touristique locale liée à l’exploitation du site.
C’est ainsi que naît en 1983 à proximité du site historique, Lascaux-2, complété des années plus tard par une exposition itinérante Lascaux-3. Mais le flux des touristes et des véhicules avait fini à son tour par menacer la grotte originale.
Avec Lascaux-4, installé sur le flanc opposé de la colline, il s’agit désormais de procéder à une “sanctuarisation totale” du site historique, gagné au milieu des années 2.000 par d’inquiétantes taches noires, tout en continuant d’attirer le public.
L’exploitant mise sur 400.000 visiteurs par an contre 270.00 annuels pour Lascaux-2, dont 20% d’étrangers, en majorité des Européens, mais aussi des Américains et des Asiatiques (8%).
“Des opérateurs étrangers ont déjà pris contact pour réserver des créneaux de visite en 2017”, se félicite Clémence Djoudi, responsable de la communication de Sémitour qui a relevé un fort engouement de la presse étrangère ces dernières semaines pour le lancement du site.
Si l’ouverture officielle a bien lieu jeudi, quelques chanceux ont déjà eu la possibilité de visiter le site depuis l’inauguration présidentielle: les habitants du village de Montignac. “Il s’agissait de les remercier pour tous les inconvénients liés au chantier”, explique Clémence Djoudi qui souligne la “grande fierté” de tous.
© 2016 AFP